summaryrefslogtreecommitdiff
path: root/Fabriquer_son_internet_2.txt
blob: df620b904edac34e217f00d4c8ca56234b625703 (plain)
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
120
121
Titre: Fabriquer son internet (2)
Auteur: Bruno
Date: Tue 19 Mar 2013 10:51:53 +0100
Lien: https://blog.spyou.org/wordpress-mu/2013/03/19/fabriquer-son-internet-2/

[image 2][2]

Crédit photo : Robert Lender

Où en étions nous à la fin de l’article précédent[3] ? Ah oui, tatie Martine 
était fort contente d’avoir de l’internet avec une adresse IP rien qu’à elle au
travers de votre box ADSL à vous. Vous avez peut être fait ce qu’il fallait 
côté administratif, à savoir créer une association (je ne vais pas vous prendre
par la main là dessus, c’est pas difficile), et faire une déclaration à l’ARCEP
(c’est encore plus facile, ça se passe ici[4]). Vous en aurez besoin pour la 
suite.

Pour avancer vers le but final, qui, je le rappelle, est d’avoir votre petit 
bout d’internet à vous, il est important de saisir quelques notions de base :

  * Vouloir à tout prix n’utiliser que des réseaux dont on est propriétaire est
    une hérésie technique et économique : on fera toujours appel, à un moment 
    ou un autre, à un tiers pour transporter des données
  * La phrase précédente n’exclut cependant pas de tenter de s’approprier un 
    maximum de la chaîne de transmission, tant qu’il y a un sens technique 
    et/ou économique à le faire
  * Il y a toute fois une différence fondamentale entre acheter une connexion à
    internet chez soi et l’acheter dans le coeur du réseau puis la transporter 
    chez soi : on gère soi même le transport (même si, au final, il passe dans 
    les mêmes tuyaux que les données de ceux qui ne le gèrent pas)

Nous allons donc travailler ce troisième point. Remettons les choses à plat, 
dans l’état où nous en sommes, voici les propriétaires des liens entre tatie 
Martine et internet, si on suppose que vous avez fait le choix d’utiliser FDN 
comme FAI pour vous fournir en attendant mieux :

 1.Le pont wireless entre chez elle et chez vous : vous êtes, vous ou votre 
    association naissante, propriétaire
 2.La ligne de téléphone entre chez vous et le NRA : c’est probablement Orange 
    qui est propriétaire
 3.La liaison entre le NRA et le coeur du réseau ADSL de collecte choisi : les 
    gestionnaires sont probablement au choix Orange ou SFR. Quant aux 
    propriétaires des réseaux, il y a de tout : des societés d’autoroutes, du 
    RFF, des réseaux d’initiatives publiques, des réseaux opérateurs en propre…
 4.La liaison entre le réseau de collecte ADSL et Nerim : c’est un vulgaire 
    bout de fibre optique de quelques mètres dont la propriété n’a que peu 
    d’intérêt
 5.La liaison entre Nerim et FDN : idem, sauf que c’est un câble en cuivre
 6.On arrive ici à un endroit intéressant, c’est précisément là que se trouve 
    l’autre bout de votre connexion ADSL (qui a donc, comme vous le voyez, déjà
    traversé au moins une demi douzaine de réseau sans qu’on ne s’en rende 
    vraiment compte)
 7.De la, le trafic sort sur le réseau Gitoyen qui est l’opérateur en charge du
    trafic de FDN
 8.Et nous nous retrouvons ensuite sur internet via les liens que Gitoyen a 
    établis avec d’autres opérateurs

La suite logique des choses, en terme de liaison, serait de chercher à 
remplacer l’ADSL de monsieur Orange ou SFR, supportant la connexion vers FDN, 
par quelque chose sur lequel on aurait la main. Dans le vrai monde, c’est la 
dernière chose à laquelle on pourra toucher pour la bonne et simple raison que 
c’est la chose la plus chère à remplacer. Nous allons donc nous concentrer sur 
les points 6 et suivants qui offrent plus de souplesse et sont plus 
accessibles.

Pour faire vite, l’opérateur de FDN, Gitoyen, dispose d’un petit paquet 
d’adresses IP publiques dont il a l’usage exclusif. Il paye une cotisation de 
l’ordre de 2000 € par ans pour ça à un organisme portant le doux nom de RIPE 
NCC, qui s’occupe de la gestion des adresses IP pour l’Europe. Cette cotisation
lui donne le statut de LIR (local internet registry), ce qui lui donne le droit
de redistribuer tout ou partie des adresses IP qu’il a à disposition. Il en a 
donc délégué un morceau à FDN qui, lui-même, refile des adresses à la découpe à
ses adhérents. Généralement, une adresse par adhérent, mais on peut en mettre 
plus sans aucun souci (chose que les gros FAI du marché ne font pas).

Le premier pas vers l’indépendance est de trouver un LIR (ça peut être Gitoyen 
ou un autre) pour obtenir des adresses IP au nom de votre association. Si vous 
avez de quoi vous offrir la cotisation annuelle pour être vous même LIR, c’est 
une très bonne solution, mais elle ne vous garantira pas d’obtenir des adresses
IPv4 (les plus répandues actuellement, qui sont quasi épuisées). Vous pourrez, 
ceci-dit, obtenir des IPv6 sans souci (coucou @bortzmeyer). Si vous en êtes à 
cette étape et que vous cherchez un LIR pour avoir des IP, lancez moi un petit 
mail, je vous trouverai ça. Ça aura un coût qu’on peut actuellement estimer 
entre 50 et 100 € par an.

Armé de votre bloc d’adresses IP et de votre déclaration ARCEP, vous pouvez à 
présent tenter l’aventure de la fédération FDN[5]. Outre le fait de faire 
partie d’une communauté plus que sympathique, l’adhésion à la fédération vous 
ouvre la possibilité d’attribuer vos propres adresses IP via les 
infrastructures de FDN. Le cheminement des données reste strictement identique 
à celui exposé ci-dessus, mais vos abonnés ont une adresse IP qui a votre 
association pour étiquette et non plus FDN.

Etant donné le coût de la chose, c’est une étape envisageable dès que vous 
aurez 2 ou 3 utilisateurs de votre solution, le bilan financier mal taillé et 
absolument pas optimisé étant, en gros :

  * Achat du matériel nécessaire pour 3 points desservis : 450 €
  * Ligne de téléphone en annuel : 192 €
  * Abonnement ADSL FDN : 360 €
  * Bloc d’adresses : 100 €
  * Total des coûts pour un an : 1102 €
  * Total des recettes pour 3 abonnés (si on suppose 30 € par mois) : 1080 €

En optimisant bien tout ça (équipements wireless mieux choisis en fonction de 
la topologie, abonnement FDN au tarif fédération, bloc d’IP à pas cher), on 
arrive à moins de 700 € de coût sur un an.

Ça n’a l’air de rien de changer l’étiquette d’une adresse IP, mais vous avez 
fait un grand pas vers l’indépendance. Au prochain article, on parlera de 
comment faire entrer et sortir le trafic de vos adhérents par autre chose que 
Gitoyen[6]. C’est ce que font beaucoup des membres de la fédération en même 
temps qu’ils se trouvent leurs propres IP, d’ailleurs.

Liens:
[1]: http://www.flickr.com/photos/lender/3220610925/ (lien)
[2]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2013/03/20130319-Adresse-IP-300x225.jpg (image)
[3]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/2013/03/18/fabriquer-son-internet-1/ (lien)
[4]: http://www.arcep.fr/fileadmin/reprise/dossiers/licences/form-dec-auto-gnl.doc (lien)
[5]: http://www.ffdn.org/ (lien)
[6]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/2013/03/19/fabriquer-son-internet-3/ (lien)