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authorneodarz <neodarz@neodarz.net>2017-03-10 11:58:22 +0100
committerneodarz <neodarz@neodarz.net>2017-03-10 11:58:22 +0100
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diff --git a/De_peer_en_peer.txt b/De_peer_en_peer.txt
new file mode 100644
index 0000000..63f6591
--- /dev/null
+++ b/De_peer_en_peer.txt
@@ -0,0 +1,218 @@
+Titre: De peer en peer
+Auteur: Bruno
+Date: Wed 25 Jan 2012 23:28:50 +0100
+Lien: https://blog.spyou.org/wordpress-mu/2012/01/26/de-peer-en-peer/
+
+[La rédaction de ce billet à donné lieu à la mise à mort d'une tablette de
+milka noisette. RIP.]
+ ------------------------------------------------------------------------------
+
+[image 1: pirate]
+
+On s’accorde à marquer le début de ce que presque tout le monde appelle le
+peer2peer en juin 1999 avec la naissance de Napster[2]. En plein gonflement de
+la bulle internet, les FAI voient déferler quantité de nouveaux abonnés qui
+n’ont d’autre idée que d’aller chercher de la musique sur ce nouvel outil
+(presque) tout beau (presque) tout neuf.
+
+En réalité, internet dans son intégralité fonctionne sur un mode pair à pair,
+puisque, si vous avez tout bien lu le présent blog, vous savez que votre
+connexion internet n’est (en principe) pas différente de celle utilisée par les
+serveurs de (feu) megaupload, si ce n’est le débit disponible. Comprendre par
+là que vous pouvez, comme (théoriquement) tout le monde devenir émetteur de
+service sur le réseau avec votre petit ordinateur planté derrière sa machinbox.
+Vous êtes donc un pair comme un autre sur le réseau et discutez de pair à pair
+avec les autres.
+
+Ce qu’on entend généralement par peer2peer, c’est le fait que deux abonnés à
+internet s’échangent directement des données sans passer par l’intermédiaire
+d’un serveur. Enfin, pas par l’intermédiaire d’un serveur qui va stocker
+l’information en question en tout cas.
+
+Le fonctionnement de Napster était relativement simple, vous étiez connecté à
+un serveur central qui ne faisait office que de répertoire listant l’ensemble
+des fichiers présents chez les autres connectés et vous demandiez à ce serveur
+« dis moi qui a le dernier single de Céline Dion », le serveur vous disait «
+c’est le type là-bas » et après vous alliez discuter avec « le type là-bas »
+pour récupérer le fichier.
+
+La « mise à mort » de Napster a été relativement simple, il a suffi de retirer
+le serveur central. Adios Amigos. RIP, juillet 2001. C’était le début de la
+fin.
+
+Ont suivis énormément de logiciels plus ou moins réussis, avec des modes de
+fonctionnement et des structures techniques pas toujours forcément réussis,
+pour finalement arriver à ce que seuls 3 ou 4 réseaux différents prennent le
+dessus, voir s’entremêlent.
+
+L’un de ceux là est bittorent[3], né juste avant la mort de Napster en 2001. Le
+nom désigne à la fois le protocole employé, le réseau peer2peer et le logiciel
+utilisé. Il est important de noter que bittorent était libre jusqu’à il y a peu
+mais que les versions ultérieures à la version 6 ne le seront à priori plus.
+
+Bittorent fonctionne selon un principe un peu différent de Napster, principe
+qui lui assure son immunité à long terme contre toute tentative d’étranglement
+: il n’y a pas d’infrastructure centrale. Ou plus exactement, chacun est libre
+de créer une infrastructure centrale. Ces centres portent le doux nom de
+tracker et ont grosso modo la même fonction que l’antique serveur central de
+napster.
+
+Pour télécharger un contenu sur bittorent (un DVD d’installation de Linux par
+exemple), vous devez obtenir le fichier .torrent correspondant. Ce fichier
+contient, entre autre, de quoi s’assurer que ce que vous allez télécharger est
+bien ce que vous voulez ainsi que les informations pour joindre le ou les
+trackers sur lesquels vous avez une chance de trouver un autre utilisateur qui
+dispose du contenu.
+Si pour une raison ou une autre un tracker disparaît de la circulation,
+certains fichiers .torrent deviennent probablement inutilisables, mais
+l’ensemble du système ne s’écroule pas contrairement à Napster.Maintenant que
+vous avez à peu près compris comment ça marche dedans, faisons une digression
+législative.L’autre grande force de bittorent, c’est que lorsque vous
+téléchargez un contenu, vous le mettez en même temps à disposition. Chaque
+petit bloc reçu par l’ordinateur est immédiatement mis à disposition de qui
+voudra venir le chercher. C’est le principe de distribution le plus efficace en
+ce qui concerne l’occupation du réseau et la répartition de la charge. Lors de
+la mise à disposition d’une nouvelle version de FreeBSD par exemple, il est
+incomparablement plus rapide de venir se servir sur bittorent que de le
+télécharger depuis un miroir FreeBSD.En gros 10 ans après la mort de Napster,
+débarquement d’hadopipour qui bittorent doit représenter le gros de l’activité.[image 4: hadopientreprise]
+Les machines de TMG (vous savez, la boite privée dont on ne sait rien,
+missionnée par les ayants droit pour surveiller les réseaux peer2peer, qui
+envoie des saisines à hadopi en disant « bouuuhh la vilaine adresse IP là-bas
+elle a téléchargé Rihanna !! ») sont, du point de vue du réseau, des
+utilisateurs bittorent comme les autres, à ceci prêt qu’ils demandent les mêmes
+oeuvres aux trackers publics en permanence pour récolter les adresses IP des
+gens qui les partagent. Elles vont ensuite commencer le téléchargement chez
+chacun pour recueillir « une preuve » et envoyer le tout ficelé dans un joli
+fichier chiffré à hadopi par l’entremise d’un disque dur qui prend le train
+pour faire Nantes-Paris suite à une petite blague[5]l’été dernier impliquant un
+« serveur de test » et un jemenfoutisme sécuritaire terriblement banal dans les
+boites hypes qui font des trucs bizarres dans les internets.Ensuite, si hadopi
+pas contente, hadopi t’envoyer un mail disant « accès internet pas bien servir
+piratage attention bouuuh méchant ! ». Si toi rien faire, hadopi envoyer un
+courrier recommandé disant pareil. Si toi toujours rien faire, hadopi convoquer
+toi pour te dire pareil. Si toi toujours rien faire… on sait pas… le cas ne
+s’est encore jamais présenté.
+
+Bref, à peu près au même moment, de plus en plus de sites se mettent à proposer
+de télécharger de la vidéo comme des porcs sur de gros serveurs. Au début,
+c’est la fête, pas de pub, pas besoin de payer, en gros tout comme le peer2peer
+sauf que ça pédale à fond les ballons de la connexion et qu’il n’y a pas besoin
+de partager ses fichiers avec les autres pour avoir bonne conscience.
+
+Et puis, avec le temps, il faut bien gagner de l’argent, donc ces plateformes
+mettent soit de la pub soit proposent des abonnements payants permettant
+d’éliminer des restrictions inventées pour l’occasion et imposées à ceux qui ne
+paient pas.
+
+Les deux grands représentants mondiaux de ces choses sont Youtube et
+Megaupload. Le premier n’a jamais proposé de version payante (en tout cas pas
+pour l’utilisateur final) et a réussi à négocier des deals avec des divers
+ayants droit de l’image animée et du son, deals leur assurant une certaine
+tranquillité judiciaire en échange d’un partage des revenus publicitaires. Le
+second, il a pris du pognon dans tous les sens et rien négocié du tout, et
+chacun sait ce qu’il est devenu.
+
+C’est la suite qui est intéressante. Que s’est-il passé, la semaine dernière,
+après que le megabidule ait disparu du réseau ? Eh ben pas grand chose en
+vérité. Un petit trou d’air dans certaines fibres, principalement chez
+l’hébergeur principal, Carpathia, mais on ne les plaindra pas trop vu qu’ils
+s’adonnent aussi à l’hébergement de sites officiels américains qui doivent bien
+leur faire gagner leur vie.
+
+Pour le reste du réseau, certes un petit creux le temps que les gens se rendent
+compte que « non, megaupload est pas juste en panne », le temps de faire deux
+ou trois blagues sur twitter, du genre « Chuck Norris il a toujours accès à
+megaupload », et puis après ?
+
+Et quand le service qu’on aime bien parce qu’on y trouve ce qu’on veut et qu’on
+y a ses habitudes n’est plus là, on fait quoi ? Ben soit on en cherche un autre
+et on a la surprise d’en trouver un mieux, soit on revient à ses amours
+d’antan. C’est là que, messieurs ayants droit, si je puis me permettre, vous
+avez fait une monumentale boulette. Faire en sorte que votre nouvel ennemi
+public numéro 1 disparaisse sans avoir prévu de filet pour ramasser les
+ouailles qui allaient immanquablement tomber de l’arbre que vous avez secoué,
+c’était juste débile.Oui, c’est vrai, hadopi avait probablement poussé quelques
+personnes à abandonner le peer2peer pour se diriger vers megaupload, pusique la
+France était première utilisatrice du service avec 10%, suivie de près par le
+Brésil avec 8 et quelques pourcents. Mais beaucoup de gens ont surtout été
+séduits par la simplicité et la diversité présente sur le service. Sans se
+poser la question de « c’est légal ou pas », « c’est mal ou pas », « je tue des
+artistes ? » (ou pas).
+
+Résultat des courses après une semaine ? Une partie des anciens utilisateurs de
+megaupload sont encore désorientés et vont à la pêche aux infos sur les réseaux
+sociaux au risque de se faire avoir par des fishing très réussis, une partie
+s’est redispatchée sur d’autres services du même genre, et puis pas mal de gens
+sont revenus au peer2peer. Et ça, c’est pas qu’en France, c’est un phénomène
+mondial.
+
+Exception notable d’un mec franchement pas con, Marc Dorcel, qui a bondi sur
+l’occasion pour proposer ses productions vidéos à prix cassés, au motif que
+quand même, laisser tous ces gens sans porn, c’était pas humain, tous les
+autres, ils ont juste savouré le plaisir d’avoir collé un mec en taule.
+J’espère qu’une majorité a bien compris qu’ils avaient gagné une bataille mais
+repoussé encore de 10 ans l’issue de la guerre ?
+
+Bref, que nous réserve l’avenir ?
+
+Eh ben facile, tout comme la photocopie est encore en train de tuer le livre
+tel un chien rongeant son os alors qu’il n’a plus de dents, on peut considérer
+que « la création » ne va jamais finir de mourir sous les assauts de cet
+enfoiré de piratage et de ce gros vilain internet.
+
+Par contre, on peut être certain que « la chaîne de la création » va s’en
+prendre plein les dents. Parce que oui, le propre d’internet, c’est de réduire
+le nombre et la valeur ajoutée des intermédiaires. Oh on ne s’en débarrasse
+jamais totalement, mais les cartes changent de main.
+
+Et puis on peut avoir surtout une grande confiance dans cette chose vivante
+qu’est internet. Parce que sauf à l’éteindre en bombardant les datacenters qui
+en abritent une bonne part, ce que, si j’étais parmi les oligarques qui sont à
+la tête de nos pays je ferais tout de suite et sans la moindre hésitation, eh
+bien internet continuera de croître et de n’en faire qu’à sa tête.
+
+Et il semble que dans la tête d’internet, il y ait majoritairement l’égalité,
+le partage, la copie, la culture et une certaine idée de la gouvernance du
+monde qui, quand elle apparaîtra devant leur nez, va déplaire à beaucoup.
+
+Tu parlais de peer2peer, non ?
+[image 7: network][7]
+
+Crédit photo : Simon Cockell
+
+Oui, c’est vrai, pardon. Toute cette introduction, c’était pour vous parler de
+l’avenir du peer2peer. Internet n’en fait qu’à sa tête, et si suffisamment de
+pays se mettent, comme la France, à tirer à boulets rouges contre le partage
+non marchand, il va s’adapter. Non, attend, on me dit qu’il est déjà en
+train…Comment ? En supprimant purement et simplement le point d’entrée des lois
+en question qui reposent toutes sur l’identification de la connexion internet
+ayant servi à partager du contenu. Et quoi de mieux pour ça que de ne
+fonctionner qu’avec des pairs qu’on connaît ? Je connecte mon ordinateur à
+celui de mon collègue de bureau qui lui même est connecté à celui de son frère,
+qui lui même…
+
+Alors évidemment, ce sera plus lent, mais pas au point de devoir attendre 1 an
+ou 2 le prochain épisode de ma série préférée. Ça fout la rage de s’être fait
+chier 3 ans à monter un truc qui va plus servir à rien après une paire de
+tweets d’un développeur un peu allumé hein ?
+
+L’étape suivante, c’est d’espionner les communications de tout le monde pour
+trouver les gros vilains pirates et de s’apercevoir que « oh ben zut alors, ils
+ont tout chiffré !! » ?
+
+Ou bien l’étape suivante c’est de se débrouiller pour que l’utilisateur lambda
+trouve son bonheur sur les internets « légaux » ?
+
+Je suis un bisounours … Mais j’ai quand même peur qu’ils continuent à confondre
+un moment culture et divertissement, valeur et argent, intérêt général et
+lobbys …
+
+Liens:
+[1]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2010/08/20100830-pirate-231x300.jpg (image)
+[2]: http://fr.wikipedia.org/wiki/Napster (lien)
+[3]: http://fr.wikipedia.org/wiki/BitTorrent_(protocole) (lien)
+[4]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2010/08/20100825-hadopientreprise.jpg (image)
+[5]: http://reflets.info/le-honeypot-de-tmg/ (lien)
+[6]: http://www.flickr.com/photos/sjcockell/3251147920/ (lien)
+[7]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2012/01/20120125-network-300x222.jpg (image)