Titre: Vrai internet ou pas vrai internet ? Auteur: Bruno Date: Sat 28 Jan 2012 15:41:52 +0100 Lien: https://blog.spyou.org/wordpress-mu/2012/01/28/vrai-internet-ou-pas-vrai-internet/ [image 2: gars mobile][2] Crédit : meta_benjamin Avec l’arrivée de Free Mobile pour lequel Xavier Niel a promis qu’il fournirait du « vrai internet », le débat est relancé. Le « vrai internet », c’est quoi ? Définition difficile à donner tant la variété des modes de connexion fait qu’il est difficile de s’y retrouver. La mienne serait « avoir une connexion au réseau avec l’ensemble des possibilités qu’il offre ». En gros, si quelqu’un a plus de possibilités que moi, c’est lui qui a le vrai internet. Une exception notable à cet état de fait est la taille du tuyau. Ben oui, le gars qui a 10Gbps au bout d’une fibre a plus de possibilités que moi. Mais le monde est ainsi fait. Au coeur de ce débat, en ce qui concerne le mobile, la possibilité ou pas d’avoir une adresse IP fixe, publique et routable. Car si les autres opérateurs font des choses dégueulasses à base de proxy et filtres divers et variés, il semble acquis que Free ne le fait pas. Reste donc cette fameuse IP. Des adresse IPv4, il n’y en a plus vraiment beaucoup de disponibles. L’intégralité de Free Mobile semble d’ailleurs prévue pour n’utiliser que quelques 8000 adresses en tout. De ce côté là, c’est clairement faire preuve de responsabilité en laissant les adresses « à ceux qui en ont vraiment besoin »… Oui mais… qui dit que les mobiles n’en ont pas vraiment besoin ? Vient ensuite la question de la sécurité. Est-il vraiment pertinent de donner un accès direct puis l’intégralité d’internet à des terminaux mobiles qui ont eu pour habitude depuis Mathusalem d’être cachés sur des réseaux privés et inaccessibles ? Il y a fort à parier que la réponse est non. Les éditeurs de logiciels pour mobiles et les fabricants vont donc devoir apprendre la sécurité si on veut qu’un accès direct au mobile devienne une réalité non dangereuse. Vient enfin la question légitime des usages. Est-il nécessaire, en 2012, qu’internet puisse dialoguer directement avec un appareil mobile ? Et là, la réponse est oui. Cent fois oui. On ne sait pas de quoi demain sera fait, mais on est certain qu’une telle fonctionnalité bloquée entraîne un blocage de l’innovation. Les technologies P2P se serait-elles déployées si le réseau avait été un empilement de routeurs NAT cachant les IP des uns et des autres au reste du monde ? Non. Et les services aujourd’hui les plus centralisés type Facebook auraient-ils pu voir le jour sans la possibilité d’utiliser sa propre connexion pour publier du contenu ? Non. Et pourtant, même si en France nous avons pris pour habitude de ne croiser le NAT qu’en entreprise ou sur les réseaux mobiles, de nombreux pays en usent beaucoup plus. La raison est simple, sans IP routable sur un accès internet, vous n’avez qu’un gros minitel vous permettant d’accéder à des services centralisés ailleurs, pour le plus grand bonheur d’une part des éditeurs et hébergeurs de ces services et d’autre part des bien-pensants préférant pouvoir contrôler ce qui se dit. Imaginez maintenant ce qu’il pourrait être possible de faire si chaque appareil avait sa petite IP a lui, joignable de partout. * Vous pourriez savoir où se trouvent vos amis en temps réel sans que cette information ne soit stockée nulle part ailleurs que dans votre appareil et celui de votre ami. * Votre maison pourrait vous alerter d’un cambriolage en cours et vous pousser le flux vidéo correspondant sans avoir à payer un abonnement à une société qui vous vendrait la possibilité de relayer ce flux vers votre mobile. * Vous pourriez même déclencher depuis votre bureau les contre-mesures de sécurité de la maison domotique idéale en dialoguant directement avec le BMS connecté à un modem GSM toujours sans service externe. Et même si votre maison est en haut d’une montagne. * La musique de votre artiste préféré pourrait vous arriver directement dans les oreilles sans avoir à la stocker dans un gros datacenter, simplement en P2P depuis les mobiles situés dans la même zone ayant le contenu. En bref, toute une myriade de services qui aujourd’hui n’existent pas, ni en vrai, ni dans la tête de ceux qui pourraient les développer, faute d’adresse IP routable sur les terminaux mobiles. Vivement IPv6 partout pour tous, que l’excuse de la rareté disparaisse. Liens: [1]: http://www.flickr.com/photos/b3g/2816756034/ (lien) [2]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2012/01/20120128-gars-mobile-127x300.jpg (image)