Titre: Anonyme et Pseudonyme sont sur un bateau Auteur: Bruno Date: Tue 20 Sep 2011 22:10:58 +0200 Lien: https://blog.spyou.org/wordpress-mu/2011/09/20/aonyme-et-pseudonyme-sont-sur-un-bateau/ [image 1: 20110917 - anonymous]Un récent billet de l’ami Eolas[2] m’a fait remonter à l’esprit divers débats que j’ai pu avoir à propos de l’anonymat sur internet. J’en avais d’ailleurs déjà parlé par ici[3] et par là[4]. Il a trouvé une façon que je trouve plutôt bonne d’exprimer le fond de l’histoire : D’ailleurs, quand je suis cité dans les médias, c’est sous ce nom, et à ma demande quand on me laisse le choix. En effet, si des journalistes me contactent pour avoir un éclairage ou une opinion sur une question juridique, c’est parce que je suis Eolas, avocat et blogueur, non parce que je suis un avocat au barreau de Paris parmi 20.000 autres. C’est ce blog, et son succès depuis 7 ans et demi que je l’ai ouvert, qui me donne ma légitimité. Au demeurant, si je devais m’exprimer sous mon vrai nom, le lecteur ou auditeur se dirait “mais qui c’est ce type, pourquoi est-il consulté sur cette question ?” Car la vérité est terrible pour moi : c’est sous mon vrai nom que je suis anonyme… Maintenant que le décor est posé, je vous invite à relire la conscience d’un hacker[5] (ou bien la vo[6]) et particulièrement le passage suivant : Mon crime est celui de juger les gens par ce qu’ils pensent et disent, pas selon leur apparence. Car voilà la triste vérité. Bien souvent, même inconsciemment, vouloir à tout prix connaitre l’identité civile d’une personne n’a qu’un but : pouvoir le juger sur le nom, le passé, le milieu social, les études, l’emploi ou pire. Dans le cas typique de l’expertise d’une personne qui tient un blog, il suffit de maîtriser un minimum l’outil internet pour déterminer si la personne derrière le pseudonyme attire la sympathie et la reconnaissance de ses pairs et/ou de la communauté ou non. Dans le cas cité plus haut, on peut valablement supposer que le journaliste a fait son travail avant d’interroger un blogueur et que les propos rapportés ont donc une valeur notable. Nul besoin de savoir s’il a fait des études dans cette spécialité, s’il est brillant ou s’il est typé asiatique. A l’extrême limite, on peut vouloir connaitre les activités professionnelles de la personne, mais guère plus. Je n’ai, ceci dit, aucune animosité envers les partisans de l’identité civile. D’ailleurs, la mienne est relativement simple à trouver si on veut bien s’en donner la peine. Je ne la cache plus parce que mon avenir personnel et professionnel ne peut qu’assez peu pâtir d’une fracassante révélation de ce genre. A quoi bon la connaître, de toute façon ? Internet permet d’entrer en contact même avec les anonymes les plus acharnés, les frontières entre pseudos et identités civiles sont de plus en plus ténues, et puis finalement, pourquoi n’admettrions-nous pas qu’une personne a le droit, si elle le souhaite, d’utiliser une identité qu’elle s’est choisie plutôt que celle choisie par ses parents et qu’il n’est pas nécessaire d’être écrivain ou journaliste à scandale pour s’en prévaloir ? Tout ceci est une conception de la relation à l’autre datant du siècle dernier. Cela ne veut pas dire qu’elle n’a plus de jeunes adeptes ni même qu’elle est démodée ou mauvaise, simplement que pas mal de gens nés après 1970 ne voient pas vraiment l’intérêt qu’il peut y avoir à « connaitre l’identité » de quelqu’un. Il est (ne riez pas) plus révélateur de savoir quelle bière la personne boit, sa vision à propos de la neutralité ou sa plage bretonne préférée. Pour le reste, une chaîne de caractère à peu près prononçable et, si possible, assez unique pour être certain que personne ne confonde, c’est suffisant pour savoir de qui on parle. Moi, c’est Spyou. Ça aurai pu être Cécile Foranier (tromperie sur la marchandise mais crédibilité civile excellente), mais non. Après, je ne connais pas le cas précis de Maitre Eolas, mais pour ma part, ce pseudo est un mélange de mes choix et de ceux de mes amis de l’époque. Je l’utilise depuis plus de 20 ans, donc depuis un âge où l’on ne se pose pas vraiment la question de savoir s’il est opportun d’utiliser son identité civile ou un pseudo, à une époque où l’internet était un concept vaguement déployé à quelques rares endroits. A l’époque, sur les réseaux, c’était juste une évidence de ne pas taper son nom et son prénom. C’était mal vu, c’était moralement réprouvé et bon nombre de bases de données utilisateur ne comprenait qu’un seul et unique champ où certains entraient leur prénom pendant que d’autres laissaient aller leur créativité. Les temps changent, et de grands penseurs modernes tergiversent sur l’impact de l’utilisation massive de pseudonymes sur internet en plus de causer du sexe des anges, mais franchement, c’est un choix personnel, c’est du même niveau que décider de porter un jean, un short ou un costard. Et s’il n’y avait pas eu hadopi, où je suis manifestement seul à en utiliser un, mon identité civile ne serait encore que vaguement utilisée par ma famille, une petite moitié de mes clients et 2/3 exceptions. Il est d’ailleurs assez amusant de voir comme certains me créent une nouvelle identité à cause du nom du présent blog. Je n’ai jamais demandé qu’on l’utilise comme tel, pourtant, de plus en plus de gens m’appellent Turblog. Va comprendre, Charles. Liens: [1]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2011/09/20110917-anonymous-300x136.jpg (image) [2]: http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/09/15/Anonymat-et-expertise (lien) [3]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/2010/10/12/internet-et-anonymat/ (lien) [4]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/2010/10/20/internet-et-anonymat-2-le-retour/ (lien) [5]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/textes-fondateurs/la-conscience-dun-hacker/ (lien) [6]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/textes-fondateurs/the-conscience-of-a-hacker/ (lien)