From bc1d70343807104ccf64b6bde9b2db54270203ff Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: neodarz Date: Fri, 10 Mar 2017 11:58:22 +0100 Subject: Initiale release --- surveillance__.txt | 108 +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ 1 file changed, 108 insertions(+) create mode 100644 surveillance__.txt (limited to 'surveillance__.txt') diff --git a/surveillance__.txt b/surveillance__.txt new file mode 100644 index 0000000..d994924 --- /dev/null +++ b/surveillance__.txt @@ -0,0 +1,108 @@ +Titre: surveillance:// +Auteur: +Date: Sun 09 Oct 2016 02:00:00 +0200 +Lien: http://www.bortzmeyer.org/surveillance.html + +Si vous avez lu tous les articles d'Amaelle Guiton[1], de bluetouff[2] et d' +Andréa Fradin[3], si vous allez à tous les Quadr'Apéro[4] de la Quadrature du +Net (en lisant un livre de Schneier dans le métro) ou, bien sûr, si vous +travaillez pour Facebook ou pour la DGSI, ce livre[5] ne vous apprendra rien. +Vous savez déjà que l'internaute ordinaire (pas le suspect de djihadisme ou de +grand banditisme, non, le fameux M. Michu) est surveillé en permanence par les +outils et services numériques qu'il utilise. Mais, contrairement au djihadiste +ou au bandit, M. Michu ne le sait pas, ou bien il ne mesure pas exactement +l'ampleur de la surveillance généralisée, ou alors il est complètement résigné, +convaincu de ne rien pouvoir y faire. Le livre de Tristan Nitot[5] vise à +informer cet internaute innocent (dans tous les sens du terme) de la +surveillance dont il fait l'objet, mais aussi à proposer des pistes pour +améliorer les choses et faire reculer un peu la surveillance. (La préface +d'Adrienne Charmet insiste sur l'importance de marcher sur ces deux jambes, +l'exposition des problèmes, et celle des solutions.) + +Ce livre est très court, ce qui reflète soit la paresse de l'auteur, soit son +désir d'être utile à un maximum de gens qui pourraient être découragés en +voyant un énorme pavé universitaire (qui, au passage, manque, sur ce sujet). +L'auteur présente d'abord la variété des techniques de surveillance existantes. +Contrairement à ce que prétendent les menteurs qui affirment qu'avec le +chiffrement des smartphones, les policiers ne pourraient plus travailler, notre +vie privée a énormément perdu avec l'arrivée de ce phono sapiens. Doté de +capteurs perfectionnés, il enregistre tout et transmet tout à ses maîtres (qui +ne sont pas son propriétaire...). Ensuite, les GAFA comme Google récoltent une +quantité faramineuse de données, que leurs techniques perfectionnées permettent +d'analyser. L'auteur donne plusieurs exemples concrets et précis (avec à chaque +fois l'URL permettant d'aller se renseigner davantage, souci de sérieux rare). +Toute cette partie est très pédagogique. Si vous êtes le geek instruit et +politisé cité au début, c'est l'ouvrage à recommander à vos proches (et aux +lointains aussi) moins informés, pour qu'ils comprennent ce qui arrive +aujourd'hui à tout citoyen. Et ne leur racontez pas tout, laissez-leur le +plaisir de découvrir l'erreur gravissime du cochon, citée à chaque conférence +de l'auteur :-) + +Tristan Nitot tord aussi le cou à quelques mythes comme le « je n'ai rien à +cacher ». On a tous des choses (tout à fait légales) à cacher. Personnellement, +je demande aux gens qui affirment n'avoir rien à cacher « votre dernier relevé +bancaire, et la liste de vos dix derniers partenaires sexuels, avec les +pratiques utilisées ». + +Un point important de son livre est la question du modèle économique des +acteurs de l'Internet. Si Google et Facebook nous surveillent autant, ce n'est +pas parce qu'ils sont des filiales de la NSA, ni parce qu'ils sont vendus au +diable ou aux reptiliens. C'est parce qu'ils sont gratuits, et qu'il faut bien +se financer d'une manière ou d'une autre. Exploiter les données personnelles +est une méthode rentable, et largement invisible pour l'utilisateur. Elle +nécessite la récolte du plus grand nombre de données personnelles possible, et +il n'est donc pas exagéré de noter que « le modèle d'affaires du Web, c'est la +surveillance ». + +Le désir de l'auteur (et de la préfacière) de ne pas uniquement décrire +l'affreuse surveillance dont nous sommes l'objet, mais également de faire +preuve d'un certain optimisme en indiquant des choix qui amélioreraient les +choses, va parfois un peu loin. Si je peux comprendre l'analyse mesurée que +Nitot fait d'Apple (société dont il ne cache pas les défauts mais qui, en +matière de surveillance, semble en effet « moins pire » que les autres), j'ai +plus de mal avec l'éloge qu'il fait de la société Sen.se dont le fondateur +répète partout que la vie privée n'est pas son problème car « Facebook fait +pire ». C'est ainsi que le produit Mother de cette société envoie tout dans +« un ordinateur de quelqu'un d'autre » et que c'est présenté comme inévitable[6] +. + +L'auteur continue en expliquant qu'un autre Internet est possible. Car dénoncer +la surveillance, c'est très bien, mais cela peut mener à la sidération : +convaincu d'être surveillé de partout, et de ne pas pouvoir l'empêcher, sauf à +vivre dans une grotte sans électricité, le citoyen pourrait se décourager et +renoncer à son droit à la vie privée. Il est donc nécessaire de proposer des +pistes d'amélioration. Plusieurs sont avancées : le logiciel libre, bien sûr, +condition nécessaire (mais pas du tout suffisante), le paiement des services +(« si c'est gratuit, c'est que vous n'êtes pas le client, vous êtes la +marchandise »), l'auto-hébergement (sans cacher, comme pour les autres +solutions, les extrêmes difficultés que cela pose), le chiffrement (encore une +condition nécessaire mais pas suffisante)... Nitot demande aussi que les +partisans d'un autre Internet s'attaquent aussi au problème difficile de faire +aussi bien, voire mieux, que les GAFA en matière de vécu utilisateur. + +L'auteur détaille aussi, avec beaucoup de précision, quelques mesures d'hygiène +numérique qui peuvent permettre de limiter un peu les dégâts de la +surveillance. Par exemple, bloquer le spyware Google Analytics, ou bien avoir +son propre nom de domaine permet de ne pas dépendre d'un seul fournisseur, et +d'être donc libre de le quitter si ses pratiques ne sont pas acceptables. + +Notons que ces manipulations sont parfois longues, ce qui reflète le désir des +maîtres de la surveillance de nous empêcher de diminuer celle-ci. Il faut ainsi +neuf étapes pour configurer Twitter de manière plus respectueuse de la vie +privée. + +Pour une genèse du livre, par son auteur, et pour une liste exhaustive des +articles qui en parlent, voir sur le Standblog[7]. + +Déclaration de conflit d'intérêts : j'ai reçu un exemplaire gratuit de ce +livre, mais il n'était pas accompagné d'une bouteille de vin, donc j'écris cet +article à jeun et en toute objectivité. + +Liens: +[1]: http://www.liberation.fr/auteur/15260-amaelle-guiton (lien) +[2]: https://reflets.info/author/bluetouff/ (lien) +[3]: http://riverains.rue89.nouvelobs.com/andrea-fradin (lien) +[4]: https://wiki.laquadrature.net/Quadr'ap%C3%A9ro (lien) +[5]: http://cfeditions.com/surveillance/ (lien) +[6]: http://www.lesnumeriques.com/objet-connecte/mother-p18525/sen-se-mother-securite-donnees-rafi-haladjian-repond-n36875.html (lien) +[7]: http://standblog.org/blog/pages/Surveillance (lien) -- cgit v1.2.1