From bc1d70343807104ccf64b6bde9b2db54270203ff Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: neodarz Date: Fri, 10 Mar 2017 11:58:22 +0100 Subject: Initiale release --- Internet_par_et_pour_les_collectivits_2.txt | 210 ++++++++++++++++++++++++++++ 1 file changed, 210 insertions(+) create mode 100644 Internet_par_et_pour_les_collectivits_2.txt (limited to 'Internet_par_et_pour_les_collectivits_2.txt') diff --git a/Internet_par_et_pour_les_collectivits_2.txt b/Internet_par_et_pour_les_collectivits_2.txt new file mode 100644 index 0000000..fb69a16 --- /dev/null +++ b/Internet_par_et_pour_les_collectivits_2.txt @@ -0,0 +1,210 @@ +Titre: Internet par et pour les collectivités (2) +Auteur: Bruno +Date: Wed 12 Mar 2014 14:25:25 +0100 +Lien: https://blog.spyou.org/wordpress-mu/2014/03/12/internet-par-et-pour-les-collectivites-2/ + +[image 2][2] + +Crédit photo : Ardèche Drôme Numérique + +Vous débarquez ? Je vous invite à commencer votre lecture par le début de cette +série[3] ou, si vous êtes plus intéressés par la technique, par cette autre +série d’articles[4]. + +Nous en étions donc restés à évacuer la question de savoir si on achète ou +qu’on loue les trous : + +Investir + +Le réseau déployé par la Nièvre[5] est, dans mon coin de Bourgogne, +probablement du fait de sa proximité, souvent cité en exemple : 41,9 millions +d’euro d’investissement dont 25,8 à la charge de la collectivité pour un réseau +de 600 kilomètres qui a été conçu pour relier entre eux les centraux Orange, +les points de distribution Wimax et les zones industrielles. + +Nous parlons donc de 43 euro par mètre de réseau prélevés sur les fonds +publiques. Si on envisage un investissement sur 30 ans avec un taux à 5%, cela +revient donc à environ 23 centimes par mois pour un coût total légèrement +inférieur à 50 millions, en contrepartie de quoi, la collectivité est en mesure +de louer des fibres aux opérateurs pour un prix variant, d’après les tarifs +moyens du marché, entre 50 centimes et 2 euro le mètre linéaire annuel sous +forme de contrats longs (IRU) de 15 à 30 ans. + +Même à 50 centimes le mètre, il suffit de 6 opérateurs parmis le gros milliers +d’opérateurs déclarés en france qui utilisent l’ensemble du réseau pour que +l’opération rapporte de l’argent au contribuable. + +Encore faut-il que des opérateurs souhaitent venir. Lorsque le réseau « fait +doublon », c’est naturellement au moins cher qu’ira d’abord l’opérateur +candidat. Il suffit donc de faire moins cher que l’opérateur situé en face, par +exemple, 25 centimes. En tout état de cause, le réseau publique devrait pouvoir +s’adapter rapidement à la concurrence si elle existe pour ne pas représenter un +investissement à vide. + +C’est là qu’intervient l’une des nombreuses subtilités des SDTAN (schéma +directeurs départementaux qui viennent en amont de la création de ce genre +d’initiative). Ils contiennent quasiment tous une petite phrase magique +ressemblant à s’y méprendre à « la conception et l’exploitation du réseau +doivent être validés les opérateurs d’envergure nationale ». Pour situer le +terme, « opérateur d’envergure nationale », c’est Orange, SFR, Free ou +Bouygues. Numéricable (3,7 milliards d’euro de capitalisation boursière, +excusez du peu) n’a semble-t-il pas eu le droit d’entrer dans le club. + +On comprend aisément la justification de la présence de cette petite phrase : +Si les gros opérateurs ne valident pas le mode opératoire de déploiement d’un +réseau, ils auront toute latitude politique et de très bonnes raisons +techniques pour refuser de l’utiliser et l’argent publique aura été dépensé +pour rien. + +Nous avons donc 4 acteurs ultra dominants qui, d’une part, déploient des +infrastructures en propre là ou ça les arrangent, et d’autre part ont carte +blanche pour que les réseaux d’initiatives publiques soient conçus selon leur +bon vouloir, tant au niveau technique que commercial, là ou ils ne veulent pas +investir. + +Et on s’étonne encore qu’ils préfèrent continuer à jouer sur leurs propres +plate-bandes plutôt que de s’installer sur les réseaux publiques, dont ils +sont, d’ailleurs, le plus souvent, délégataires ? Ils se sont simplement +arrangés pour que le réseau ne soit pas pertinent pour eux. Pourquoi aller +s’embêter à couvrir un département de bouseux et jeter l’argent de la bourse +par les fenêtres alors qu’il suffit de faire 2 ou 3 grosses villes pour avoir +des actionnaires souriants, qui plus est lorsque la collectivité a fait un +chèque qu’on a fait encaisser à ses amis sous traitants pour construire un joli +réseau ? + +Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas en profiter pour s’assurer que la petite +concurrence ne pourra rien faire et donc ne se développera pas ? Imposons des +barrières à l’entrée, des conditions de commandes minimum absolument délirante +et inaccessibles pour les PME et obscurcissions la totalité de la chose, comme +ça, tout le monde est content : le politique a tenu sa promesse de faire du +très haut débit dans la durée de son mandat, l’investisseur a son dividende, +l’opérateur tient son pré carré, et la population on s’en fiche éperdument. + +Je vous invite à faire le test : faites-vous passer pour Mr Tartempion, petit +opérateur en création souhaitant se déployer sur une DSP ou un RIP dans deux ou +trois départements, et constatez par vous même le temps et l’énergie +nécessaires pour obtenir ne serait-ce que le catalogue tarifaire censé être +publique. Option d’amusement supplémentaire : pour chacune, notez en marge le +nom de la maison mère du délégataire. + +A toutes fins utiles, le travail de collecte de ces documents et leur +publication[6] est en cours depuis plusieurs mois et certains délégataires +menacent les auteurs de ce travail de poursuites devant la justice. Pour +publication de documents censés être publiques. Vous avez bien lu. Amusant +n’est-ce pas ? + +Bref, l’investissement est judicieux, mais sa mise en pratique est +catastrophique. Heureusement, une infrastructure passive pourra toujours être +convenablement utilisée si la politique qui la dirige revient dans le droit +chemin. + +Prétendre qu’un RIP non utilisé c’est de l’argent jeté par les fenêtres est +donc faux. C’est la mauvaise conception technique ou la mauvaise gestion +politique qui sont à l’origine de sa non utilisation. + +Entretenir ce discours, c’est également tenir le crachoir aux opérateurs qui +veulent faire croire à cet état de fait tout en boudant volontairement ces +réseaux publics pour être certains que la collectivité ne fera plus un geste, +persuadée qu’elle dépenserait encore de l’argent pour rien, et se donner ainsi +le temps d’investir au rythme qu’ils souhaitent sans aucun risque de +concurrence déplaisante ni de redevance à verser pour utiliser un réseau qui ne +seraient pas le leur. + +Louer + +En face, nous avons la possibilité de louer les infrastructures de génie civil +d’Orange pour 30 centimes … Mais dans quel but ? Celui de les relouer ensuite +aux opérateurs ? Quelle est la valeur ajoutée plutôt que de laisser les +opérateurs se débrouiller entre eux, au besoin en imposant quelques règles de +respect du droit de concurrence ? Aucune. + +Et même s’il y avait un intérêt, considérer qu’on a la possibilité d’avoir +quelque chose pour 30 centimes alors que ce n’est qu’un prix parmi tant +d’autres dans le catalogue d’Orange est illusoire (qui est d’ailleurs variable +en fonction du type de câble utilisé et de l’endroit ou il se trouve). + +Tout petit florilège de tarifs concernant l’utilisation du génie civil d’Orange +: + +Fourniture du plan du réseau d’une commune : 477 € HT +Bonus si on veut des informations sur l’aérien (par commune) : 156 € HT +Bonus si on veut des informations sur les câbles sur les poteaux (toujours par +commune) : 91 € HT + +Ah, mais au fait, il faut un logiciel pour exploiter ces infos, on ajoute donc +1630 € de licence. On peut vous former, 5560 € la journée. Et dans notre grande +bonté, on peut même vous former pour que vous puissiez vous même entrer les +infos du réseau orange qu’on aurait oublié dans le logiciel, ajoutez encore +5340 €. + +Si on veut faire quelque chose au niveau du département, on a donc déjà dépensé +350000 euro et on a même pas une seule fibre posée. On va aller regarder +combien ça coûte du coté de la chambre zéro des NRA, on va aussi regarder les +offres de transport de données sur le réseau national, et puis .. + +Et puis on va finir par laisser tomber vu qu’on a pas d’argent. + + La fibre c’est trop cher pour vous ? Pas de problème monsieur, on va + transformer un SR en NRA MED (nouveau nom des NRA ZO) pour augmenter le débit + des 200 abonnés qui sont derrière. Ils passeront de 2 à 10Mbps ! Et Tatie + Jacqueline qui passera de 512Kbps par jour de grand vent à 2Mbps, c’est le + cadeau bonus ! + + Coût de l’opération ? 200000€. + + Mais raaaaaassurez-vous, ce n’est pas de l’argent jeté par les fenêtres + puisqu’on aura déployé de la fibre pour aller jusqu’à ce NRA MED. + + Bon, 5km de fibre à 200000 € ça fait 40 € le mètre, soit un peu plus que les + 30 centimes du prospectus, mais c’est pas grave hein ? + + De toute façon il faudra la changer à terme, cette fibre, puisqu’il n’y a que + 12 brins dedans et qu’il en faudra 250 quand elle devra aller jusqu’aux + abonnés puisqu’on a décidé de ne faire que 2 NRO dans le département. + + Et puis de toute façon ce n’est pas votre problème puisque cette fibre + appartient à Orange et que Orange vous la facturera 30 centime par mètre pour + l’éternité et plus encore si jamais vous vouliez l’utiliser. + +Une petite donnée chiffrée : 1000 euro par abonné final pour passer de 2 à +10Mbps, c’est le double du prix nécessaire pour amener la fibre jusqu’à ces +abonnés. Mais ça, bien entendu, Orange ne le dira pas dans son beau discours et +préférera vous faire croire que c’est entre 1000 et 2000 euro par abonnés. + +Et je ne vous parle pas du fait qu’on a encore vu, contrairement à l’ADSL, +aucune concurrence s’installer sur aucun réseau FTTH géré par un opérateur +privé en France, tout bêtement parce que ces messieurs ne daignent pas publier +une offre. + +Fond du problème + +Le débat n’est donc pas de savoir s’il faut acheter ou louer. Il se résume donc +à savoir s’il faut créer des réseaux publiques en investissant de l’argent et +en en gagnant par la suite lorsqu’on le loue aux opérateurs avec le risque que +pas ou peu d’opérateurs ne viennent ou bien est-ce qu’il faut laisser les +opérateurs construire leur propre réseau au rythme que eux auront décidé pour +leur usage exclusif. + +En réalité, la problématique est bien plus simple : doit-on attendre que les +opérateurs privés daignent vouloir aménager nos territoires de façon convenable +ou bien la collectivité se prend-elle en main pour assurer son avenir? + +Il semble que pour nos territoires ruraux, le privé ne veuille pas faire +l’investissement. Il est donc nécessaire de le faire, mais ce n’est pas +suffisant pour avoir du très haut débit au bout pour la bonne et simple raison +qu’un réseau, même régional, ne sera pas nécessairement connecté au reste +d’Internet et qu’il faudra donc qu’un opérateur fasse le bout de chemin +nécessaire pour cette connexion, et il y a fort à parier que cet opérateur sera +Orange, SFR, Free ou Bouygues. + +Il est donc nécessaire de « se prendre en main » pour proposer une solution +valable. C’est l’objet de l’article suivant[7]. + +Liens: +[1]: http://www.flickr.com/photos/ardechedromenumerique/ (lien) +[2]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2014/03/tranchée-fibre-225x300.jpg (image) +[3]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/2014/03/12/internet-par-et-pour-les-collectivites-1/ (lien) +[4]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/2013/03/20/fabriquer-son-internet/ (lien) +[5]: http://www.nievrenumerique.com/Chiffres-cles (lien) +[6]: http://www.ffdn.org/wiki/doku.php?id=travaux:tarifs_dsp (lien) +[7]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/2014/03/12/internet-par-et-pour-les-collectivites-3/ (lien) -- cgit v1.2.1