From bc1d70343807104ccf64b6bde9b2db54270203ff Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: neodarz Date: Fri, 10 Mar 2017 11:58:22 +0100 Subject: Initiale release --- France_numrique_2020.txt | 660 +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ 1 file changed, 660 insertions(+) create mode 100644 France_numrique_2020.txt (limited to 'France_numrique_2020.txt') diff --git a/France_numrique_2020.txt b/France_numrique_2020.txt new file mode 100644 index 0000000..51e794a --- /dev/null +++ b/France_numrique_2020.txt @@ -0,0 +1,660 @@ +Titre: France numérique 2020 +Auteur: Bruno +Date: Fri 09 Sep 2011 14:16:32 +0200 +Lien: https://blog.spyou.org/wordpress-mu/2011/09/09/france-numerique-2020/ + +[image 1: fibre]Voici ma contribution dans le cadre de la consultation[2] en +préparation au plan France numérique 2020 lancée par le ministère de l’économie +et des finances. Le fichier d’origine de la consultation est par ici[3] (ça +aide à comprendre mon billet) et la présente réponse est aussi dispo en PDF ici[4] +. Notez que cette réponse est faite en tant que citoyen lambda et n’engage +aucunement mes divers employeurs. + ------------------------------------------------------------------------------ + +1.1 +Je ne connais que peu les initiatives déjà en cours. Je sais par contre que +toutes les technologies disponibles doivent être envisagées. Une zone urbaine +accueillera volontiers la fibre puisque son déploiement à coté des autres +réseaux est facile. Une zone très isolée ne pourra recourir qu’au très +insatisfaisant satellite qui a beaucoup de défauts mais le mérite d’exister. + +Entre ces deux extrêmes, certaines zones rurales pourront profiter de +politiques locales ou d’opportunisme privé pour (par exemple) bénéficier de la +fibre. Une grande entreprise fait fibrer son siège social situé sur une +communauté de communes rurales ? Elle prend contact avec la CC pour étudier une +mutualisation de son entretien et, si elle le souhaite, pourrait +avantageusement aider au déploiement horizontal, aidé d’un co-financement +publique. + +Il existe une infinité de cas pouvant être étudiés et mixant une grosse +demi-douzaine de technologies de transmission. Chacun devrait être en mesure de +choisir la plus pertinente et de pouvoir la faire évoluer à moyen et long +terme. + +Concernant les usages, bien malin qui prévoiera ce qui naîtra demain sur le +réseau. Une chose est certaine, le débit disponible crée de nouvelles +possibilités, il convient donc de soutenir son augmentation. + +1.2 +Les usages mobiles et fixes convergent très clairement. Les utilisations les +plus avancées tendent à banaliser l’usage du smartphone ou de la tablette sans +mobilité, par simple confort d’usage (lire ses mails sur son canapé, par ex). + +Il y a donc fort à parier que les usages encore massivement sédentaires +(regarder la tv, consulter un site web…) vont devenir mobiles mais pas +uniquement « en mobilité ». + +La transparence des réseaux utilisés est donc capitale. Le gros des smartphone +est déjà capable de passer du mode 3g au mode wifi en fonction de la +disponibilité. La couverture wifi n’est, par contre, pas suffisante. + +Le spectre de fréquence ne me semble pas trop étroit à l’heure actuelle. +Certaines zones sont par contre clairement saturées, mais ce sont des +saturations ponctuelles et conjoncturelles (heure de pointe et/ou problème +notoire de circulation dans une grande gare ou un aéroport, par ex). + +La théorie avancée par les opérateurs mobiles selon laquelle la ressource radio +rare nécessite de mettre en place des quotas de quantité de données échangées +avec internet restera ridiculement risible tant que ces mêmes opérateurs +persisteront à proposer les flux vidéos TV totalement illimités en marge d’un +accès internet drastiquement limité. + +1.3 +La neutralité des réseaux est une condition sinequanone de la poursuite de +l’innovation, et donc de la création de valeur, à la périphérie desdits +réseaux. Porter atteinte à la neutralité, que ce soit pour filtrer un site +pédophile, autoriser une segmentation qualitative du trafic, ou toute autre +raison c’est donner une intelligence au réseau qui s’emploiera inévitablement à +chasser ou à absorber celle qui se situe aujourd’hui à la périphérie. Objectif +minitel, pour le dire en deux mots. + +Je ne suis de toute façon pas inquiet sur le long terme : le réseau est un +organisme autonome qui saura muter pour contourner toute obligation légale +menacante ou contraignante. Le simple fait que les contentions politiques +possibles ne seront jamais mondialement acceptées en même temps est une +garantie d’adaptabilité. Don’t even try, pour le dire en trois mots. + +Les actions à mener sont avant tout éducatives : éduquer les décideurs +politiques et économiques, éduquer les enfants, les parents et les +grands-parents, éduquer la population dans son ensemble. Apprendre comment +apprendre internet, pour le dire en quatre mots. + +1.4 +Je suis farouchement anti-télévision. Plus précisément, je ne conçois pas +l’attitude passive devant des images et/ou des sons. + +« La télévision » est quasiment devenue, au même titre que le web, un service +d’internet bien que restant encore très largement contrôlé quant aux canaux de +diffusion. + +C’est idiot. Libérez vos chaines sur internet : un flux piraté d’une chaine +TNT, c’est autant de gens qui sont susceptibles de voir la publicité. C’est +comme si je n’autorisais la consultation de mon blog qu’aux internautes équipés +de fibre optique. + +Les catchups et podcasts limités dans le temps, c’est idiot. Laissez +consultables vos émissions jusqu’à la fin des temps, ce sont autant de revenus +en plus pour un investissement minime puisque vous les conservez en version +numérique quoi qu’il arrive. + +Quant aux problématiques des chaines qui font pression pour qu’internet ne +fasse pas irruption sur leur flux vidéo, la lutte est aussi vaine que celle +contre le « piratage » de la musique ou du cinéma. Si j’ai envie d’aller sur +internet pendant le JT, j’irai. Partant de la, pourquoi m’empêcher de le faire +sur le même écran ? + +1.5 +Un tarif social d’accès à internet, bien évidemment. Mais pas un internet +limité, fracturé ou « au rabais ». Non. Il faut les mêmes débits et +possibilités que les abonnements à 30€/mois mais les 15 ou 20€ de trop doivent +être pris en charge par la collectivité (état + opérateurs), sous conditions de +revenus. + +Adopter ce principe sous la forme d’un crédit d’impôt à la manière de la prime +pour l’emploi me semble un signal fort nécessaire en faveur de l’accès pour +tous au haut débit. Ce mode de fonctionnement permettrait par ailleurs à tous +les concernés d’en profiter automatiquement. + +1.6 +Je ne connais qu’assez peu le cas précis de l’Outre-mer mais il me semble que +le principal frein actuel est dû au manque de concurrence à cause d’un +approvisionnement en bande passante difficile et très onéreux. + +Une régulation particulière du secteur géographique, après consultation +spéciale des concernés, pourrait être utile. Orange semble jouir d’une position +largement plus dominante qu’en métropole. + +2.1 +Ces questions réclament une consultation à elles seules, voire l’organisation +d’une réflexion et d’un débat de fond. + +Force est de constater que les possibilité d’échange numériques sont en pleine +explosion. Le législateur s’intéresse à la musique et au cinéma alors que de +plus en plus de gens en sont rendus aux échanges monétaires hors marchés, à la +démocratie réelle et totale via le réseau et pour certains à la fabrication +d’objets à domicile, prochaine vague du « piratage » qui ne sera plus, donc, au +seul détriment des biens immatériels. + +M’est avis que ce mouvement de fond n’est pas prêt d’être terminé et qu’il est +illusoire de vouloir l’empêcher ou même le freiner. + +La création artistique a la malchance d’être la première « victime ». Mais les +solutions, bien que multiples, existent. Cette multiplicité rend leur approche +plus difficile. Il ne suffit plus de presser des CD et de faire du marketting +pour être connu et potentiellement riche, il faut s’initier au viral, à la +gestion de communautés, il faut être présent sur plus de médias simultanément, +il faut faire des concerts, etc. + +Dans un monde où la précarité semble devenir une règle, les chanceux sont les +débrouillards. + +Concernant les vecteurs de diffusion, il est à peu près évident qu’il faut +maximiser la présence pour toucher son public. Réseaux sociaux, sites de +partage de vidéos, blogs… + +2.2 +S’agissant de l’opportunité d’intervenir pour soutenir la diffusion +audiovisuelle dans ses nouvelles formes, mon intime conviction est que la +télévision est devenue un service d’internet comme un autre. + +Même si ce n’est techniquement pas le cas (le flux tv ne circule pas sur +internet, même s’il en utilise une large part des protocoles), c’est comme ça +qu’elle est perçue par le plus grand nombre … « j’ai la télé par internet » est +en train de remplacer « j’ai la télé par l’adsl ». + +Partant de cette constatation, le marché appartiendra à ceux qui sauront +mélanger habilement les oeuvres audiovisuelles, les services et le matériel et +je ne suis pas certains que ceux-là aient besoin de l’état. + +Ma seconde conviction est que le fait d’avoir transformé l’art et la culture en +un produit marchand (phénomène relativement nouveau à l’échelle de l’humanité) +est en train de se retourner contre la filière toute entière. L’art et la +culture sont en train de devenir un composant de base servant à la fabrication +de produits plus aboutis qui captent, logiquement, la plus grosse partie de la +valeur ajoutée. + +Leur redonner leur valeur, non pas marchande mais morale, serait le meilleur +service qu’on pourrait leur rendre. + +2.3 +La convergence des plateformes et des méthodes d’accès va se poursuivre. Sauf +rupture imprévisible, les utilisateurs vont consulter de plus en plus en mode +continu. Un film sera par exemple commencé dans le train sur un périphérique +mobile, puis continué à la maison sur grand écran. + +Je ne suis, par ailleurs, pas convaincu de la pertinence du mot « consommation +». A l’heure où la reproduction est devenue un acte anodin réalisable par le +premier venu, « consultation » me semble plus approprié. + +Partant de ce principe, plus le temps va passer, plus les gens vont s’attendre +à ne payer qu’une fois pour une oeuvre et pouvoir la consulter indéfiniment. +Par exemple payer l’entrée au cinéma et pouvoir récupérer le fichier du film +quelques semaines ou mois plus tard pour pouvoir le revoir à la maison. + +2.4 +La dernière fois que j’ai expérimenté la 3d c’était il y a 15 ans à la Géode de +la Villette. + +Ceci étant, ce n’est techniquement qu’un nouveau format vidéo, évolution +normale des technologies, au même titre que la VHS est devenue DVD puis +Blueray, entraînant changement du matériel et rachat du support des oeuvres +même si cela n’était pas justifié du point de vue qualité puisque +l’enregistrement d’origine était d’une qualité moindre que ce que permet le +nouveau support. + +J’attends avec impatience la version 3d remasterisée de « La soupe aux choux ». + +Plus sérieusement, le rachat systématique de l’oeuvre à chaque changement de +support est vécu, à juste titre, comme une injustice et n’a même plus, à +l’heure du numérique, l’excuse du support qu’il faut produire, stocker, +transporter et exposer. + +C’est un axe majeur d’amélioration des filières concernées. + +3.1 +Le e-commerce souffre encore aujourd’hui de deux carences majeures connexes : +la sécurité et la confiance. + +Énormément de gens pensent encore leur compte ou leur carte bancaire à l’abri +des mauvaises intentions si elles ne les utilisent pas pour l’achat en ligne +alors que c’est notoirement faux. + +Plusieurs actions fortes de l’état sont nécessaires : +– un travail sur la labellisation pour que les plus néophytes sachent +rapidement à qui ils peuvent s’adresser pour leurs achats en ligne +– une obligation faite aux banques de refuser systématiquement tout prélèvement +n’ayant pas été autorisé et d’honorer sans broncher et gratuitement les +retraits d’autorisations de prélèvements (aujourd’hui, la majeure partie des +banques acceptent par défaut les prélèvements et orientent les gens vers le +rejet -payant- de prélèvement plutôt que vers le retrait d’autorisation) +– la généralisation, sans frais, des numéros de CB temporaires pouvant être +générés à la demande par le client pour effectuer les achats en ligne +– la possibilité, pour le client, d’interdire l’utilisation de ses moyens de +paiement sans utilisation physique de la carte bancaire pour limiter la fraude + +3.2 +Le point crucial concernant l’e-santé, encore plus que le financier, c’est la +confiance. Aucun projet d’e-santé piloté de près ou de loin par l’état ne +devrait permettre l’usage de technologies propriétaires ne pouvant être audités +par les premiers concernés : les patients. + +Même si une très petite frange de cette population s’intéressera à ces affaires +de sécurité, c’est la seule manière d’assurer un avenir pérenne au mélange +internet-santé. + +Par ailleurs, la lisibilité de l’offre est primordiale, sans compromis dans la +sécurité. C’est l’axe de développement d’un projet français de gTLD, le .med, +qui aura besoin de soutiens politiques pour émerger et réussir. + +Enfin, un écueil majeur doit être absolument évité : il ne faut pas prendre +internet pour ce qu’il n’est pas. Ceux qui rêvent d’opérations chirurgicales +pilotées à distance via internet par un médecin situé en Australie sont en +plein délire psychotique. + +Internet n’est pas un réseau offrant des garanties de continuité de sevice +suffisantes pour ce genre d’usage. Ce n’est pas une question de volonté ou +d’investissement, c’est simplement écrit dans les gènes d’une majeure partie +des protocoles du réseau. + +En bref, utliser internet pour une consultation médicale, même en cardiologie, +pourquoi pas. Mais de la même façon qu’on n’aurait pas l’idée d’envoyer un mail +au SAMU pour signaler un arrêt cardiaque, on n’utilise pas internet pour des +applications vitales (au sens propre du terme). + +3.3 +Je ne crois pas qu’il soit opportun de parler de performance scolaire. +L’éducation n’est pas une course mais une construction. + +C’est une chance formidable pour ceux qui ont des problèmes de mobilité (qu’ils +soient physiques ou conjoncturels) et pour aider à la personnalisation de +l’enseignement et à l’adaptation individuelle des rythmes individuels, mais +j’ai la très nette impression que beaucoup imaginent l’outil informatique comme +un remplaçant de l’enseignant, un peu comme la TV remplace les parents trop +occupés à la maison. + +C’est évidemment une grossière erreur. Comment espérer qu’un esprit jeune se +construise correctement s’il n’est confronté qu’à une machine ? Et sans aller +jusque là, comment imaginer qu’un enseignant sera plus efficace avec 50 élèves +et 50 ordinateurs qu’avec 25 élèves ? + +Sorti de ces évidences qui n’en sont manifestement pas pour tout le monde, il +me semble sutout important de mener une vaste campagne de formation aux outils +informatiques, principalement à destination des enseignants les plus +réfractaires, et sur un mode ludique leur permettant d’appréhender toutes les +dimensions de l’outil, par exemple par leurs jeunes collègues sortis +fraîchement de leur formation, les deux auront beaucoup à apprendre les uns des +autres. + +Les modules b2i et c2i doivent à terme disparaitre pour laisser place à une +utilisation continue des outils informatique et internet dans l’intégralité des +cursus. + +3.4 +L’accessibilité est freiné à trois niveaux principaux : + + 1.acquérir le matériel nécessaire, c’est une problématique budgétaire + ponctuelle qui peut être solutionnée par l’encouragement (ou l’obligation) + au recyclage du matériel jugé obsolète par les entreprises, l’aide + pécuniaire à l’acquisition et/ou l’achat en gros pour amoindrir les coûts. + Si l’état le souhaite, il doit être possible d’avoisiner les 100% de taux + d’équipement des foyers français en ordinateurs puisque c’est déjà le cas + en téléphonie mobile. + 2.financer de façon récurrente l’abonnement à internet, par exemple par le + biais du tarif social discuté plus haut, voir d’un tarif social à deux + niveaux + 3.assurer la formation à l’utilisation de l’outil, formation qui pourrait + donner lieu à des échanges intergénérationnels, les plus jeunes expliquant + aux plus vieux, et pouvant en retour bénéficier de leur expérience dans + d’autres domaines. + +Il ne faut par contre pas lutter contre l’aversion qu’ont certains à la +technologie. Une personne de 80 ans ayant décrété que non, elle ne toucherait +pas à une souris, parce que les souris l’ont enquiquiné toute sa vie dans les +murs de sa maison, ça ne doit pas que faire sourire. Si quelqu’un ne veut pas +être initié à la « communication moderne » c’est son droit. + +Sur l’accessibilité, il semble évident que le numérique joue déjà +un rôle primordial (e-administration, par exemple) et devra continuer à être +utilisé, mais là encore, il ne faut pas qu’il devienne une exclusivité, des +personnes ne sachant pas lire le français ne sont pas très avancées, +lorsqu’elles se rendent à Pôle-Emploi, et qu’on leur dit d’aller appuyer sur +l’écran de la borne informatique. Plus couramment, pouvoir avoir un +interlocuteur humain en face de soi ou au téléphone permet parfois de +solutionner des problèmes plus rapidement. + +3.5 +Je ne suis pas certain que « les TIC » soient déjà qualifiables de bénéfiques +pour l’écologie en général, étant donné la consommation électrique de cette +multitude d’appareils et la pollution aux métaux rares engendrée par des +filières de recyclage difficilement accessibles. Une première étape serait donc +de s’assurer qu’un recyclage à 100% soit fonctionnel et efficace sur l’ensemble +du territoire pour tout ce qui est électronique, de la machine à laver au +téléphone portable en passant par l’ordinateur et le four à micro ondes. + +Dans un second temps, trouver un moyen de quantifier la +consommation d’énergie inutile et un moyen de la juguler serait une bonne +chose. +Une fois tout ceci déblayé, il sera temps de s’interroger sur ce que devrait +réellement être la « croissance verte » et se demander, au final, si durable ne +peut intrinsèquement pas rimer avec croissance et s’il ne faudrait pas +commencer par envisager une stabilisation durable. + +3.6 +Je ne suis pas spécialiste de l’électricité, mais le fait, pour ErDF, de +connaitre à distance la consommation de chacun, ça va surtout permettre de +faire de belles économies sur les coûts de vérification individuelle des +compteurs. L’excuse de la gestion proactive du réseau semble totalement dénuée +de sens, tant il est évident que les instances gérant l’approvisionnement ont +déjà un visuel en temps réel et une historisation de la consommation par zone +de transformation moyenne->basse tension, ce qui est amplement suffisant pour +gérer le réseau. + +Il ne parait pas évident, de prime abord, que l’abonné va réduire sa +consommation par le simple fait que le compteur sait communiquer avec le +fournisseur d’électricité. Il est par contre beaucoup plus évident qu’une +centralisation des fonctions de pilotage de l’ensemble des compteurs est +une aberration informatique qui, comme toute centralisation, risque de mener +aux dérives qu’on connait déjà en matière de piratage ou d’abus de position +dominante. + +Enfin, les compteurs numériques déjà déployés depuis quelques années proposent +un port téléinfo simple d’utilisation qui ne demande que l’acquisition d’un +petit appareil supplémentaire permettant un suivi de la consommation en temps +réel, mais force est de constater que les industriels ne se bousculent pas au +portillon, signe que le marché est insignifiant et que les gens +ne s’intéressent que peu au suivi de leur consommation. + +La fourniture gratuite de ce genre d’appareil (coût de revient unitaire en très +petite quantités : <> 10 €, en très grandes : <> 2 €) permettrait peut-être +d’éveiller les esprits. + +3.7 +Je n’ai pas grand chose à dire sur le sujet. Les initiatives en cours doivent +se poursuivre et la généralisation de la dématérialisation de la totalité des +procédures est le cap à conserver, sans oublier que certains souhaiteront +toujours faire appel aux anciennes procédures qui doivent donc être conservées +et poursuivies. + +3.8 +Le télécentre a deux principales raisons d’être : + + 1.L’accessibilité à du matériel ou des services qui sont difficiles à obtenir + à domicile (salles de réunion, vidéo conférence, débits de + connexion élevés…) + 2.La conservation d’un lien social avec des collègues physiques permettant + d’éviter l’isolement social du télétravailleur + +Partant de ces deux bases, le télécentre est donc, avant d’être une +multi-entreprise recomposée, un lieu de vie et un supermarché du service. Ils +se heurtent toute fois au problème millénaire de l’oeuf et de la poule. Une +solution serait de commencer par une zone pilote où les télétravailleurs déjà +en activité seraient recensés, puis les potentiels télétravailleurs, et enfin +où on contacterait les entreprises concernées pour recueillir leur avis et +savoir si elles seraient prêtes à investir dans la création et la gestion d’un +télécentre. + +Le dialogue avec les salariés des grandes entreprises habitant par commodité à +proximité des locaux mais rêvant de changer de région pour X ou Y raison peut +aussi être un moteur au développement de télécentres. Je suis à peu près +certain qu’un nombre conséquent de salariés administratifs des entreprises du +CAC40 dont le siège est à la Défense rêvent de troquer leur 3 pièces de +Courbevoie pour une maison sur la Côte d’Azur et n’attendent qu’une proposition +en ce sens pour agir. + +Reste aussi que les méthodes managériales actuelles se prêtent mal au +télétravail. Beaucoup de cadres ont encore besoin de voir leurs subordonnés +pour avoir l’impression qu’ils travaillent correctement. C’est un travail de +longue haleine qui ne sera probablement terminé qu’au prochain renouvellement +générationnel. + +Il ne faut enfin pas perdre de vue qu’une masse conséquente de télétravailleur +n’ira jamais en télécentre justement parce qu’ils aspirent à ne +plus différencier leur lieu de travail de leur lieu d’habitation, qu’ils sont +entrés dans un processus de fusion entre la vie, le travail, et, pour certains, +les passions et les hobbys et qu’ils vivraient comme un échec et un retour en +arrière le fait de devoir « se rendre au bureau ». Il est du devoir de tous de +s’interroger sur l’entretien du lien social dans ce genre de cas, l’isolement, +fût-il voulu, n’étant pas nécessairement bénéfique. + +3.9 +Je n’ai qu’une seule et unique critique à faire des services de +l’administration sur internet : il n’existe aucune fluidité dans la gestion des +problèmes des utilisateurs. Là où, avant, il était peut-être difficile, au sein +d’une même communication téléphonique, d’obtenir le bon interlocuteur à passer +à l’usager, il est à présent possible de forwarder les mails et de jongler avec +les URL pour aider au mieux l’utilisateur. + +J’ai par exemple vécu l’ubuesque situation où je souhaitais soulever un point +d’ergonomie et de sécurité dans le site permettant le paiement en ligne des +taxes et impôts pour les entreprises, un simple texte de 3 paragraphes +expliquant le problème et proposant une paire de solutions, et je n’ai jamais +pu le faire parvenir à destination. Soit le formulaire de saisie était trop +petit et ne m’autorisait à saisir que l’équivalent de 2 ou 3 tweets +(~300 caractères), soit la personne à l’autre bout n’était habilitée à prendre +des commentaires que pour le site concernant les particuliers, soit il fallait +impérativement que  je communique mon numéro de téléphone et que quelqu’un me +rappelle pour que je ré-explique l’histoire alors que je n’avais strictement +aucune envie de perdre du temps avec ça. + +En bref, un guichet numérique unique, accessible par email, par tchat et par +téléphone, permettant d’obtenir du premier coup le bon interlocuteur ou la +bonne information, ce ne serait franchement pas de trop. + +3.10 +Au dela des nouvelles données qui vont être produites et publiées, il semble +important de préparer le travail titanesque de numérisation et de transcription +des données qui n’existent pas, aujourd’hui, sous forme numérique. Le +crowdsourcing est une opportunité unique pour effectuer le travail de +transcription rapidement et à moindres frais. + +Outre l’accessibilité facilitée, cette numérisation permettrait d’éviter la +perte de ces documents en cas de catastrophes et d’assurer, donc, leur +pérénité. + +3.11 +Pas d’avis pertinent sur les interactions numérique-transport. Je tiens +simplement à faire remonter le sujet de la traçabilité des personnes et +l’importance de l’anonymisation rapide et irréversible de ces informations. + +3.12 +Je n’ai jamais entendu parler d’internet utilisant les protocoles RFID, mais +c’est sans doute un amalgame involontaire dans le descriptif précédant la +question. + +Si les évolutions continuent dans le sens actuel, chaque objet contenant un +tant soit peu d’électronique devrait, dans les 10 ans à venir, être en mesure +de communiquer, même de manière très primitive, avec le reste d’internet. + +On peut distinguer deux grandes familles : + + * l’utilisation du réseau à des fins de mise à jour ou de supervision par le + vendeur, les possibilités de détournement sont minimes au niveau de + l’équipement lui-même mais maximales du coté du vendeur qui centralisera + une bonne partie de l’intelligence. On imagine déjà la prise de contrôle + central de toutes les chaudières d’une même marque qui pourraient connaître + simultanément le même dysfonctionnement et se mettre à cracher du monoxyde + de carbone dans des milliers de foyers + * l’utilisation du réseau à des fins de pilotage applicatif par + l’utilisateur, le détournement central n’étant dans ce cas pas possible, + mais la prise en main locale peut être potentiellement plus intrusive. On + peut par exemple imaginer un voleur qui déverrouillerait la porte d’entrée + d’une maison en la piratant par internet. + +Encore une fois, la sécurité devrait être au coeur des préoccupations des +industriels et elle ne l’est manifestement pas. + +3.13 +J’ai toujours été un très mauvais visionnaire. + +3.14 +Le droit à l’oubli n’a d’intérêt que s’il est envisagé mondialement. En +pratique, il me semble irréalisable. Il convient plutôt d’adapter nos usages en +intégrant le fait incontournable qu’une donnée entrée dans internet n’en +sortira jamais. + +Partant de là, l’axe prioritaire semble encore une fois la pédagogie. Il est +vital d’apprendre à tout un chacun les possibilités d’internet et les dérives +qui en découlent. + +3.15 +Se « mettre au numérique », c’est un peu comme le vélo ou la natation, passé +l’âge où on est obligé de l’apprendre à l’école, on ne s’y met vraiment que +lorsqu’on en ressent le besoin/l’envie. + +Je ne suis pas cetains que les TPE aient besoin d’ERP, de CRM ou de facturation +électronique, mais le meilleur moyen de pousser les dirigeants à adopter ces +outils, c’est de leur prouver par a+b que ce sera bon pour eux. L’adoption se +fera toute seule par la suite, chacun ayant un référent informatique ou +quelqu’un d’approchant dans son entourage. + +3.16 +Les technologies de base du numérique sont le matériel, le logiciel et les +réseaux. Le reste n’est qu’esbroufe marketting. + +Il est évident que nos sociétés occidentales ont définitivement perdu la course +de la construction du matériel et que l’Europe est largement à la traîne en ce +qui concerne la conception. + +Le logiciel se porte heureusement bien et doit continuer à être massivement +soutenu, qu’il soit libre ou pas. + +Quant aux réseaux, nous sommes à un tournant décisif : il faut choisir si on +continue à pousser le cuivre dans ses retranchements malgré le vieillissement +du réseau mis en service il y a de longues années ou bien si on effectue +l’investissement nécessaire pour l’avenir consistant à déployer la fibre ou, au +moins, à obliger la pose des équipements nécessaires à son tirage ultérieur +(fourreaux, chambres…). + +4.1 +Je n’ai jamais vraiment su ce qu’était une startup. L’un des problème des +entreprises oeuvrant dans les secteurs numériques est le même que toutes les +autres : créer et faire grandir une entreprise en France est un cauchemar. + +Les statuts de JEI et les crédits d’impot-recherche sont des dispositifs +intéressants, mais pourquoi limiter les avantages aux « jeunes » entreprises +innovantes où à celles qui ont le temps d’aller rechercher tous les dispositifs +d’aide existants et qui finissent par ne plus vivre que de ça ? Cela me fait +furieusement penser à ces vendeurs de téléphonie mobile qui courent après les +clients des concurrents pour assurer la croissance de leur parc d’abonnés sans +se soucier de leurs clients existants. + +L’écosystème des entreprises existantes doit être au moins autant soutenu que +les porteurs de nouveaux projets. Soit on décide que les TIC sont un secteur +porteur d’avenir et qu’on souhaite donner toutes ses chances au pays, soit on +décide que non, mais toutes les mesures actuelles sentent la demi-teinte. + +Concernant la recherche et le monde de l’entreprise, ce sont encore deux +univers peu habitués à collaborer. Je n’ai pas de recette magique à proposer +mais les habitudes des mondes numériques rendent la collaboration horizontale +plus facile, il est donc possible qu’aucune intervention ne soit nécessaire. + +Et enfin, pour attirer les talents et augmenter l’impact sur les marchés, il +n’y a pas de secret, il faut être attrayant et compétitif (commercialement, +fiscalement…), ce que la France est très loin d’être. + +Concernant la « cohérence des structures servant à amplifier la bonne +coordination des acteurs », je pense qu’il est primordial de casser le +fonctionnement en silo des filières pour faciliter l’horizontalité des échanges +entres acteurs et ainsi créer de la valeur, signe, s’il était besoin de le +prouver, que moi aussi je sais mettre des mots qui font bien bout à bout pour +créer une phrase vide de sens. + +Même motif, même punition pour le cloud qui n’est qu’une vision marketting de +la virtualisation et des nouveaux usages. Les logiciels en mode SaaS ont +principalement besoin d’entreprises dont la sécurité est le premier souci, et +s’il n’y a qu’un point sur lequel l’état doit lourdement insister, c’est bien +celui là. + +Pour la question concernant les besoins en terme de formation, savez-vous quel +est le principal défaut d’une personne arrivant sur le marché du travail après +ses études ? C’est qu’elle ne sait pas travailler. + +Les entreprises ont besoin de personnes opérationnelles rapidement, +indépendantes, motivées, faisant preuve d’initiatives. L’école ne prépare pas +(ou peu) à tout ça et ce n’est pas spécifique au numérique. + +4.2 +Il est illusoire de vouloir emporter l’adhésion de l’ensemble du secteur, +beaucoup n’ont simplement aucune culture de la représentativité ou des +instances de l’état existantes. + +Le plus simple, lorsqu’on constate qu’un organe représentatif ne s’adapte pas +assez facilement, c’est de s’en passer. Le système des consultations ouvertes +est un outil transitoire intéressant qui permet à qui le souhaite de s’exprimer +sans condition de copinage ou d’efficacité d’un potentiel lobby. + +Les outils actuels permettent ensuite de se passer de représentation +permanente, les voix pouvant être entendues directement de manière beaucoup +plus simple qu’avant. + +4.3 +La question est trop vaste pour être convenablement traitée dans le cadre de +cette consultation. Les actions de l’état doivent découler des conclusions +tirées de tous les autres points de la consultation. + +4.4 +Un « cloud privé » pour les besoins de l’état répondrait à un besoin de +rationalisation économique mais entraînerait une centralisation néfaste de +l’ensemble du stockage et du traitement des données. + +À l’heure où les besoins sont la flexibilité et l’adaptation rapide, je ne suis +pas certain que la centralisation soit la bonne réponse. + +4.5 +Cette question a toute sa place à la suite de la précédente, la sécurité étant +le point noir du « cloud ». + +Plus les infrastructures sont centralisées et plus le nombre d’acteurs dans la +chaîne technique est grand, moins la sécurité est assurée. + +La simplification et la modularité fonctionnelle sont donc à privilégier. Il +est par exemple idiot au possible de confier le marché de construction d’une +plateforme technique et le marché de son hébergement à deux entreprises +différentes. + +Les menaces ne feront que croitre, mais fort heureusement les plus nombreuses +sont les moins dangereuses et peuvent être fortement limitées avec un peu de +pédagogie (bonnes pratiques des mots de passe, fin de la crédulité aveugle…). + +4.6 +Le premier but à atteindre est peut-être de faire en sorte que l’ICANN prenne +en compte un avis autre que celui de l’état fédéral Américain. Une +détermination et une coordination internationales sont nécessaires pour arriver +à rendre l’ICANN réellement indépendant (et non pas dépendant de plus d’états). + +Par la suite, il convient de garder à l’esprit que l’ICANN est une émanation +d’internet, un outil servant à la régulation et au bon fonctionnement du +réseau, et qu’il n’a pas vocation à être un intermédiaire entre internet et les +états, ni un outil des états pour étendre leur contrôle sur internet. Aucun +état ne peut se prévaloir d’une quelconque forme de pouvoir sur le réseau +international, que ce soit par l’intermédiaire de l’ICANN ou autrement. + +A ma connaissance, aucune instance internationale ne recueille +aujourd’hui suffisamment d’adhésion de la part des pays du monde entier pour +pouvoir oeuvrer valablement dans la gouvernance d’internet. + +En d’autres termes, nous nous gouvernons déjà, et la question se pose plus en +terme de communication entre les gouvernances des pays et la gouvernance +d’internet, d’égal à égal, plutôt qu’en tentant d’imbriquer l’un dans l’autre. + +En conclusion +Je retiens donc que les problèmes les plus évidents me semblent être : + + * Le manque de formation, que ce soit de les jeunes, des décideurs politiques + ou économiques, des enseignants, des personnes âgées + * Les diverses fractures, culturelles, financières et sociales, qui ne sont + d’ailleurs pas spécifiques au numérique + * Les hésitations quant aux investissements à la fois publiques et privés + dans les nouvelles technologies de transmission comme la fibre + * L’irrépressible envie de faire entrer internet dans les moules existants + alors qu’il semble à peu près évident, à présent, que même si internet est + quelque chose de malléable, il faut surtout revoir les moules dans lequel + on tente de le faire rentrer. + +Parce que la, « ça passe pas », et plus on pousse, moins ça passe. + +Liens: +[1]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2010/08/20100813-fibre.jpg (image) +[2]: http://www.economie.gouv.fr/economie/consultation-preparation-plan-france-numerique-2020 (lien) +[3]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2011/09/consultation-en-preparation-du-plan-france-numerique-2020-_0.pdf (lien) +[4]: http://blog.spyou.org/wordpress-mu/files/2011/09/Consultation-FrNum-2020.pdf (lien) -- cgit v1.2.1